LE PARISIEN : La nouvelle vie des coquillages

Posted On: janv. 6, 2021

Categories: La presse en parle

Quand Sophie a déposé les plateaux de fruits de mer le 31 décembre sur sa table de fêtes, ses convives ont fait honneur aux saveurs iodées du bassin d’Arcachon. Mais quand le repas s’est achevé, pas un n’a eu un regard pour les coquilles d’huître, de bulot et de palourde qui ont fini à la poubelle. Dommage, car la France est spécialiste de leur recyclage. Et la matière première ne manque pas puisque 150 000 tonnes de coquilles sont jetées chaque année. Au point que le syndicat mixte Cyclad, qui regroupe plusieurs communes de Charente-Maritime, propose aux habitants de les déposer en déchetterie afin qu’elles soient recyclées. Soixante-dix-huit tonnes ont ainsi été collectées en 2018. « Les coquilles sont des déchets lourds et odorants jetés aux ordures ménagères et le traitement par incinération n’est pas adapté car elles ressortent quasiment intactes des fours », souligne le syndicat.

Combinaison de surf à base d’huîtres

La commune de Montbert (Loire-Atlantique) propose à ses administrés jusqu’au 18 janvier de récupérer leurs bulots vides, palourdes, moules ou encore coquilles Saint-Jacques. Ils serviront de produits d’amélioration de la qualité du sol dans l’agriculture. Implantée à La Rochelle (Charente-Maritime, premier département producteur d’huîtres), la société Ovive offre une deuxième vie aux coquillages. Une fois broyés, les résidus servent de compléments alimentaires, notamment pour les poules pondeuses. « Les écailles leur fournissent un apport en calcium pour consolider leur squelette et renforcer la coquille de leurs œufs », explique l’entreprise.

Toujours à La Rochelle, la marque de « surfwear » Soôruz a imaginé une combinaison de surf à base d’huîtres. Riches en calcaire, leurs coquilles sont réduites en poudre et mélangées à hauteur de 30 % à des huiles végétales, du caoutchouc naturel, ainsi que de la canne à sucre. L’intérêt ? Remplacer les combinaisons synthétiques fabriquées à base de pétrole et de l’un de ses dérivés, le néoprène. Une école d’ingénieurs de Caen (Calvados) a de son côté réussi à ressusciter les coquillages sous forme... de trottoirs. Une partie du gravier utilisé pour concevoir des pavés a été remplacée par des coquilles. Résultat : des « éco-pavés » au pouvoir drainant utilisés sur des places piétonnes ou des parkings qui ont la capacité de « diminuer le risque d’inondation en milieu urbain ». Le pavé a en effet tendance à aspirer l’eau, la laissant ainsi s’infiltrer dans les nappes phréatiques.

La palme de l’originalité revient à la société Biom Paris, qui a conçu des balais-brosses pour toilettes composés à base de 30 % de coquilles Saint-Jacques en provenance de Normandie. Transformées localement par une entreprise de plats préparés, elles sont ensuite nettoyées puis broyées afin de retourner en milieu aqueux... au fond de vos WC. Preuve que les coquillages ont un pouvoir de réincarnation infini, la société Friendly Frenchy a de son côté conçu des lunettes de soleil à base de coquillages. Pas données (250 € la paire), les Solarmor ont demandé trois ans de recherche. Vous pourrez opter pour une monture à base de coquilles d’huîtres du Cap-Ferret ou choisir la version « pêche à pied » travaillée avec des palourdes collectées dans le Morbihan. Pour la couleur, évidemment, ce sera écaille.

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